mardi 16 février 2010

Le cuirassé Potemkine - Sergueï Eisenstein - 1925


Comment l’Art peut-il servir le pouvoir ?

Le Cuirassé « Potemkine » est un film soviétique muet réalisé par Sergueï Eisenstein, sorti en 1925. Il traite de la mutinerie du cuirassé Potemkine dans le port d’Odessa en 1905, de l’insurrection et de la répression qui s’ensuivirent dans la ville.
L’événement, qui a lieu pendant la Révolution russe de 1905, est ici vu comme précurseur de la révolution d'Octobre (1917) et est présenté du point de vue des insurgés. Le cuirassé reproduit, dans son équipage, les clivages de la société russe et ses inégalités. L’une des causes de la mutinerie est la question de la nourriture. Les officiers présentés comme cyniques et cruels contraignent l’équipage à consommer de la viande avariée, alors qu’eux-mêmes maintiennent un train de vie privilégié.
La scène la plus célèbre du film est le massacre sur les marches de l’escalier monumental d’Odessa, où des soldats descendent d’une manière rythmée et machinale sur la foule en la bousculant. Le plan d’un landau qui dévale les marches utilise un travelling avant en plongée, façon de filmer révolutionnaire pour l’époque. (Source : Wikipédia)

Le cinéma d’Eisenstein ne peut être détaché du contexte historique dans lequel il s’est développé. Il est indissociable du communisme soviétique des années 20 et 30.
Après la révolution d’octobre 1917, le régime soviétique donne une place importante au cinéma comme moyen de faire adhérer la population au communisme. Lénine déclare : « Le cinéma est pour nous, de tous les arts, le plus important ». C’est ainsi qu’en 1919, le gouvernement bolchévique décide de nationaliser la production cinématographique.
La création cinématographique des années 1920 est marquée par l’enthousiasme révolutionnaire. La consolidation du pouvoir de Staline dans les années 1930 entraîne une radicalisation idéologique et culturelle qui réduit considérablement la liberté de création cinématographique. En 1934, le « réalisme socialiste » devient la doctrine officielle en matière de création artistique. L’artiste soviétique est alors chargé de donner « une représentation véridique, historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire. En outre, il doit contribuer à la transformation idéologique et à l’éducation des travailleurs dans l’esprit du socialisme». Le cinéma soviétique devient alors un véritable instrument de propagande au service du Parti.
De nombreux films mettent en scène des « héros positifs », individus réalisant des exploits exemplaires et qui servent la propagande politique. Source : http://www.arte.tv

Un cinéma de propagande
Eisenstein pratique l’autocensure et s’attelle à offrir un grand spectacle moraliste. Suivant les préceptes du réalisme socialiste, le récit se veut chronologiquement simple et les protagonistes divisés en bons et méchants.
De 2 000 en 1925, l’URSS vit son nombre de salles de projection passer à 28 000 en 1940. Réservé au début à un public urbain éduqué, le cinéma utilisait un « langage » plutôt sophistiqué. Mais pour qu’il soit compris de tous, l’originalité formelle (d’un Potemkine, par exemple) doit céder le pas à un dépouillement technique et à une narration simple. Cette démarche fut connue sous l’appellation de réalisme socialiste. Les règles du genre imposaient de mettre en avant le folklore russe.



Scène des Marches d'Odessa, tirée du film "Le Cuirassé Potempkine" de Eisenstein, 1925.