mercredi 17 février 2010

Paris Saint-Germain-des-Prés, Brasserie Lipp - Henri Cartier-Bresson - 1969

Comment témoigner des transformations de la société française ?

« Les photos de Cartier-Bresson ne bavardent jamais. Elles ne sont pas des idées : elles nous en donnent. Sans le faire exprès. » J.P. Sartre

Jamais une époque n’aura autant matérialisé les changements socioculturels au sein des tendances vestimentaires. La mode des années 60 fait en effet rimer progrès et contestation dans une véritable révolution des apparences. L’heure est à la société de consommation : l’industrialisation croissante du travail vestimentaire encourage l’essor du prêt-à-porter face à un secteur de la haute couture en perte de vitesse. C’est d’abord au sein de la jeunesse issue du baby boom que se forge une nouvelle culture vestimentaire, largement inspirée du modèle anglo-saxon. C’est à Londres au début des années 60 que la « mini skirt » fait son apparition, à l’initiative de Mary Quant. La tendance déferle bientôt en France, s’érigeant en symbole de l’indépendance féminine. Contre une mode qui ne distinguait pas les mères de leurs filles, la mode des années 1960 encouragent les audaces.
Leslie Meyzer, magazine ELLE, www.elle.fr

Affiches de Mai 68 illustrant la fracture entre les jeunes et la société française.

L’appareil photographique est pour moi un carnet de croquis, l’instrument de l’intuition et de la spontanéité, le maître de l’instant qui, en termes visuels, questionne et décide à la fois. Pour «signifier» le monde, il faut se sentir impliqué dans ce que l’on découpe à travers le viseur. Cette attitude exige de la concentration, de la sensibilité, un sens de la géométrie. C’est par une économie de moyens et surtout un oubli de soi-même que l’on arrive à la simplicité d’expression.
Henri Cartier-Bresson, L’imaginaire d’après nature.

La photographie et l'Histoire
On nous a demandé de parler ici de photojournalisme, qui prétend raconter "l’histoire en train de se faire", et en particulier de l’apport à cette noble tradition d’un grand photographe, qui s’est trouvé mêlé à des tournants historiques non moins grands. Il est difficile de le faire sans aborder directement la question de l’Histoire, c’est-à-dire non pas la succession de ce qu’il est convenu d’appeler des "événements", mais du rapport de vérité qui existe ou non entre une image choisie et publiée, et l’occasion historique qui l’a engendrée. C’est d’autant plus difficile que lorsqu’on prononce devant ce grand homme les mots "histoire", "témoignage" ou même "documentaire", il n’a de cesse de rétorquer : "hasard objectif ".
Toutes ces photographies qui font date ne seraient donc que les fruits, en somme, d’un concours de circonstances, sans que leur auteur y soit pour rien ?
En ce qui concerne Cartier-Bresson, s’il est bien une chose qu’il s’interdit de faire, alors que tout l’y incite et que tous le pressent, c’est de se poser en témoin de l’Histoire. Ce qui l’intéresse, c’est de connaître. Ce à quoi il s’emploie, c’est à regarder. Si, le cas échéant, le hasard objectif, mais le hasard objectif conçu dans cet état d’esprit, c’est-à-dire dépourvu d’intention, l’a bien servi, alors seulement il déclenche, il "tire".
Photo-journalisme : la leçon oubliée d’Henri Cartier-Bresson - Edgar Roskis

Photographie d'Henri Cartier-Bresson, 1968.